Second borough : Brooklyn
Third borough : Queens
Fourth borough : Manhattan, prelude / The Bronx
Fifth borough : Manhattan, finale
You move it to the left
And you go for yourself
You move it to the right
Yeah if it takes all night
Now take it kinda slow
With a whole lot of soul
Don't move it too fast
Just make it last
« Harlem Shuffle »
“Four boroughs down, only one left” dit un “sign” à la sortie du Madison Avenue Bridge. La course commence maintenant effectivement, j’essaie de reproduire le miracle de Las Vegas (légère accélération au 20ème Mi – 32ème km-, retour dans les temps de passage en 3km, euphorie finale) mais non, si j’ai bien l’impression de me battre, le chrono ne descend pas.
En fait nous sommes rentrés dans Harlem, et Harlem, c’est le Bronx ! Enfin c’est Manhattan, mais c’est le b….l, si je puis m’exprimer ainsi…
Le public est ici légèrement exubérant, il n’y a pas de barrières comme sur 1st Avenue, et les gens forment de temps en temps des goulots d’étranglement sur les parties étroites, ceci conjugué au fait que je ne suis pas sur le même rythme qu’une grande partie du peloton (visiblement la fin de la deuxième vague de départ) rend la situation infernale, c’est bousculade, changements de rythme et de trajectoires perpétuels, et même un peu d’agressivité de ma part je l’avoue (puis je plaider non coupable en évoquant la fatigue ?)
Spéchol cassdédi à celui qui devant moi fait une « oh-tiens-un-groupe-de-gospel-si-je-m’arrêtais-pour-faire-une-photo-oui-tiens-je-m’arrête-net », eh mec, il y a juste 10000 personnes derrière toi ! Le tout avec un maillot des New York Road Runners sur le dos, de la confiture à des… oh pardon !
J’arrive à trouver l’astuce en me mettant entre le peloton et la ligne des spectateurs et en anticipant un peu par signes avec ces derniers.
(où passer ?)
(je suis DEJA passé !)
Je manque les photographes de Contraste Voyages et réciproquement, il faut dire que je porte le singlet d’il y a 2 ans siglé des concurrents Thomas Cook …
Markus Garvey Park offre une petite bouffée d’oxygène, le peloton reste sur la chaussée et j’emprunte le trottoir (pavé mais tant pis), toujours à la recherche de la relance, c’est difficile…
Fifth Avenue reprend son trajet rectiligne après Marcus Garvey Park, moins de spectateurs, moins d’ambiance, plus d’espace, mais toujours pas plus de vitesse à l’approche de la bosse du 23ème mile.
Comme je le répétais à l’envie avant la course, je ne gardais pas un mauvais souvenir de cette montée lors de l’édition 2008, en fait je n’en gardais pas vraiment de souvenir… Je devais être déjà en coma dépassé, car là je la sens passer ! Oh bon sang comment ai-je pu l’oublier ? Quelle horreur ! Ce n’est pas tellement la pente, c’est la longueur, près d’un kilomètre et demi, et bien sûr le fait qu’elle se situe au 37ème km. La bonne nouvelle c’est que nous longeons enfin Central Park, mais sinon ce sont 10 minutes interminables, pas besoin de prendre l’excuse de la densité du peloton, je rame horriblement !
(drôle de moment pour une demande en mariage)
Enfin, nous pénétrons dans Central Park, je sais que maintenant les difficultés vont être d’un autre type…
Bon, c’est la cata : j’ai fait le dernier mile en 10:30, je passe en 3h36’30’’, j’arrive à faire mes petits calculs, 9’ au mile fois 2 plus 2’ pour faire les derniers 0.2 Mi égalent 20’, qui me font terminer en 3h56’30’’. Si je retrouve mon allure à 9:00 ! Pour faire moins de 3h55 il faudrait que je sorte 2 miles à 8:15, le km en 5’10’’, ce n’est même pas la peine d’en parler !
Exit le C goal Brigitte, le PR est toujours possible, j’ai 3’ de marge…
D goal : Biki <3h59’35’’
De toutes façons le gars a raison :
Central Park, c’est virage à gauche, virage à droite, virage à gauche, et ainsi de suite, combiné à montée, descente, montée, descente, ad libitum ou plutôt ad nauseam.
J’essaie de ne pas me crisper ni m’exploser dans les montées, de relancer dans les descentes, de bien prendre les tangentes dans toute la mesure du possible, mais cette #$dgf## de montée du 23ème Mi m’a tué, et le Garmin reste désespérément en deçà d’une allure de 10’ au mile, même dans les descentes. Ce n’est pas l’effondrement total comme j’ai pu le connaître à Rotterdam, Turin, ou ici même il y a deux ans, j’ai la sensation de quand même me battre malgré ma vitesse misérable, mais je suis franchement dans le dur désormais, ou peut être le fameux mur.
C’est même plus que la sensation de se battre, c’est vraiment la baston (mais pas pour Boston) !
Baston !
BASTON !
J’ai une pensée pour LIZ et DAV qui doivent être en train en ce moment de remonter 1st Avenue à quelques centaines de mètres de là…
Tiens, le 40ème km (j’attendais le 25ème mile pour faire un dernier point), 3h45 et des bananes, YES ! Je sais désormais que je vais battre mon record, 14’ minutes pour faire 2,2 km il faudrait vraiment une catastrophe pour que je n’y arrive pas. Ceci dit tout est possible… Je m’accroche pour sortir de Central Park, ça y est voici Central Park South, et les gratte ciels caractéristiques de Time Warner Center en point de mire, il faut faire toute la largeur du parc, 800m, avant de re-rentrer pour encore 700m. Des spectateurs bien sûr, mais je ne les entends plus, je suis totalement fermé, concentré sur cette fin de course et ce record à assurer, petite montée (repérée lors de la course de la veille au matin) au milieu de Central Park South, Columbus Circle, nous pénétrons à nouveau dans le parc, cela descend un poil, « relancer », enfin essayer, voila le panneau 26 mile, ne reste plus que 0.2 mile soit 320m, coup d’œil sur le chrono ca y est c’est sûr je vais battre mon record pour une poignée de secondes ! Je suis soulagé, je me fais belle pour les photos de l’arrivée,
je sens l’émotion et la tension accumulées pendant ces 2 dernières années et ces 4 dernières heures qui sortent, j’ouvre les vannes et je chiale comme un veau pendant ces derniers mètres, ça c’est fait, ça me permettra d’être radieux la ligne d’arrivée passée !
Epilogue
Quelle sensation curieuse, j’avais l’impression d’être seul au monde avant la ligne d’arrivée, une fois celle-ci passée je reviens au milieu de centaines de personnes, participants et bénévoles…
La suite, c’est : arrêter les chronos, temps approximatif 3:58:50 (le temps officiel sera finalement de 3:58:58), un record personnel de moins d’une minute, mais un record quand même, après Las Vegas c’est un deuxième marathon sous la barre des 4h sur laquelle j’ai buté 5 fois auparavant,
se faire passer la médaille au cou,
remercier les bénévoles,
passer extatique au stand photo,
se faire passer la fameuse couverture de survie (1 bénévole pour mettre la couverture, 1 bénévole pour la fixer avec un adhésif)
remercier un maximum de bénévoles (good job volunteers !)
et commencer la fameuse marche vers les camions pour récupérer ses affaires et sortir de Central Park, tout en grignotant le ravitaillement donné (par des bénévoles…), il me faut ¾ d’heures pour sortir du parc, c’est un peu long mais la joie fait tout passer.
J’ai estimé le temps de LIZ à 5h30, il me faut donc patienter environ 1h30 environ, je vais déambuler (doucement) sur Central Park West au milieu des centaines de participants dans leur couverture de survie, me réfugier une paire de fois dans l’entrée du National History Museum (celui de « La nuit au musée », les dinosaures restent calmes),
squatter les escaliers de ce musée, et enfin je retrouve Yaya et les pom pom girls, qui arrivent du 25ème mile à Central Park, good news LIZ est passé radieuse au 17ème et au 25ème, elle va finir, bad news DAV a abandonné au 17ème, problème de douleurs aux cuisses (quand je lui dirai le lendemain qu’il a fait mieux que Gebreselassie qui a abandonné au 16ème mile et arrêté sa carrière, il me répondra que d’ailleurs lui aussi arrête sa carrière…). Nous allons guetter la sortie de Central Park, je scrute chaque visage, les minutes passent, la voici enfin, moment d'indescriptible émotion !!! Ma fille a fini son premier marathon !!! Elle a fait 5h46 mais qu’importe le chrono, il y a deux ans cette fille n’avait jamais couru 100 m !
Rien que pour cette réussite, l’expérience « du canapé au marathon » valait le coup d’être tentée.
Nous partons dans la nuit new yorkaise "celebrate" notre marathon...
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Bravo à tous les deux!!
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